KO Computers — Atari 1040 STe
Le mien d’Atari 1040STe était dans l’appart dont je parle dans 19 francs posé sur un bureau face mur, rien à voir d’autre que l’écran, et la surprise du prof de littérature comparée en Licence — celui qui serait aussi mon directeur de maîtrise DEA Thèse jamais soutenue, celle sur Simon et les fractales, tu parles d’une rigolade quand j’y pense, ce pavé de 500 pages crachées dans une sorte de folie que trois personnes seulement ont lu, ledit prof qui ressemblait au vieux scientifique dans Retour vers le Futur et que je surnommais par dedans moi 3M rapport à ses initiales, une prof de Paris 8 dont j’ai oublié le nom, et moi — quand j’ai commencé à rendre mes dissertations imprimée à l’aiguille, j’étais l’un de ses premiers étudiants à faire ça, pour une fois que j’étais le premier, ça ne m’est pas arrivé souvent.
Rien à voir que l’écran, mais ça suffisait largement parce que dedans l’écran tu mettais tout ce que tu voulais alors pourquoi voir le monde en vrai puisque mon monde à moi était déjà dans une diagonale de 14 pouces, celle du moniteur gris de l’Atari (le monde est gris quand tu y penses vraiment, ni noir ni blanc, si tu ne me crois pas, ferme les yeux, alors qu’est-ce que tu vois ?).
La sorte de pyramide écrasée qu’était l’Atari 1040STe, qui m’a toujours fait penser à une sorte de temple Aztèque avec ses sortes d’étages successifs clavier touches de fonction et disque dur raccroché là-dessus comme une cerise sur le gâteau, je l’ai revendue à la mère d’un étudiant qui cherchait un cadeau pour son gamin et, je crois, n’en est toujours pas revenu, du prix ras des pâquerettes que j’y ai demandé (mais quoi, ce genre des machines, c’est pas réellement fait pour que tu spécules dessus).
Pendant quelques années, j’ai encore baladé les disquettes sur lesquels étaient mes productions de l’époque (il y en avait un paquet, en fait, il avait bien fallu vider le disque dur) et puis ça c’est perdu, sans doute dans un déménagement ou un ménage par le vide, les plus efficaces. Les textes qui étaient sur les disquettes, je n’en ai plus aucune trace, et même pas souvenir, ce qui n’est pas vraiment bien grave, en fait d’oubli, j’en ai connu de pires.
Parfois (mais pas souvent au vu de ce qu’on peut avoir comme bécane maintenant), je me dis que si je ne devais en garder qu’un seul, de cette litanie que je déroule là, ça serait celui-là, parce qu’il avait quelque chose de magique dans la sensation que tu avais en l’utilisant, d’être moins bête. En même temps, croire qu’une machine peut te rendre intelligent, c’est en soi une marque de bêtise alors...