Comment je n'ai pas été écrivain #5
J'ai dévoré des yeux souvent l'écran, d'abord noir et blanc, puis passé en couleurs enfin, il en avait été question longtemps avant, autour, dans les conversations, et du fait que c'était lié aux travaux, aux ouvriers qu'on distinguait à peine depuis la cour du collège perchés là-haut sur l'antenne grise et rouge immense en haut de la colline, ce qui fait que le jour J, que m'avait annoncé la veille un ami, un pays, justement dans la même cour, lui parfaitement au fait du calendrier par un mystère inexplicable, ne me tenant plus de joie, le jour J, donc, assis devant l'écran, bouche bée face aux hommes en costumes sévères, politiques, ingénieurs en chef, je ne sais, qui allaient basculer symboliquement une manette, déclencheraient la colorisation du monde, du moins, celle de la partie que nous parvenions à en voir au travers de ces quelques centimètres carrés que faisaient les tubes cathodiques, ce jour-là, j'attendais, impatient, de voir enfin les écrivains prendre des couleurs.