Lieux #2

Depuis la route qui suit toujours les traces des chemins d'une origine impossible à déterminer, on ne voit rien de prime abord que les bois, les vallons dont on finit par penser qu'ils ne sont pas verts comme le veulent la tradition et le cliché, mais bel et bien gris ou bruns, palette sans doute liée à l'inaltérable maussaderie du climat du lieu, de la région en général. Dehors, derrière la buée qui est montée à l'assaut des vitres de l'auto, on devine des pommiers tordus au bord des fossés, on distingue vaguement leurs bras décharnés, moussus, rongés pour tout vous dire d'un lichen qui fait le complément du camaïeu, et l'on se demande à chaque fois comment des fruits de ces choses-là peuvent venir.