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Routiers

Echo à François B.

et puis cela (...) changeait des longs silences de nos cabines des bredouillages des radios toute la journée des voix sans face sans visage des voix seules voix et nous dedans à parler seuls et sans répit creusant cela le monologue de nos chemins et des chaussées les nids de poule et puis après le dessin lisse des autoroutes et les aires larges leurs flancs de reine nous nous garions face horizon à chaque fois que ça pouvait à chaque fois que l'horizon était présent bien arrivé nous nous garions juste face à lui et là coupant contact moteur posions nos mains certains leurs pieds sur le volant et demeurions et de longues heures à regarder courir là-haut plus vite que nous les nuages hauts les nuages blancs.

Nous, extraits

F (non vérifié) sam 21/11/2009 - 14:31

oui, ce qui est impressionnant, quand on passe tout lentement près d'eux, c'est la durée du silence pour nous qui cesse au bout du voyage, et pour eux qui se prolonge tout au long des jours et des jours

dbourrion (non vérifié) sam 21/11/2009 - 14:43

Je déroge à ma règle de ne pas répondre aux commentaires (il fallait bien que ça arrive un jour) : mon père était routier, et je me suis toujours demandé ce qu'il pensait, des journées entières, à s'affronter ainsi au silence. Je ne saurai pas.