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Une cabane #2

Une cabane #2

Là cachés aux adultes, la boue nous devenait un matériau magique dont nous faisions de minuscules barrages vite emportés, des ports pour accueillir nos nefs de brindilles, de feuilles mortes, des batailles aussi durant lesquelles nous nous jetions en plein visage ce limon gras noir comme jamais qui nous laissait des traces partout que rien ne faisait disparaître, c'était une encre en fait servant à marquer nos forfaits, nos mères en trouvaient traces quand nous revenions après une toilette aussi poussée qu'il nous était possible mais qui ne suffisait jamais, nous finissions punis, un peu lassés aussi d'être trempés toujours, et pris la main dans le sac à chaque fois encore. Quelques années passèrent. Nous l'oubliâmes tranquillement, pensant encore parfois aux grappes d'œufs de grenouilles où nous plongions fascinés nos mains dégoûtées, et puis bientôt, même plus.