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Une nostalgie Woodstock

Une nostalgie Woodstock

Je n'ai aucun souvenir de ce moment venu deux ans je crois après que je sois né mort et cette absence n'est donc guère étonnante d'autant que dans la vallée d'où je viens, nul sans doute n'a alors entendu parler de ça, de cette histoire, de cette foule hirsute et qu'on devine d'hygiène douteuse les pieds nus dans la boue on peut rêver des fleurs — l'hirsute alors et maintenant encore beaucoup, c'est ce qu'il faut à toute force éviter, c'est ce qui menace l'ordre du monde et l'interroge, c'est ce que l'on réduit à coup de tondeuses, de travail vous laissant pour la fin du jour les reins brisés lourds tellement qu'il n'y a plus qu'à s'endormir le ventre lesté, le sommeil présentant l'avantage d'éviter de se poser trop de questions.

Pourtant, de ces trois jours j'ai des images, et une nostalgie sans fin qui ne repose sur rien, enfin, qui tient entièrement debout sur des sortes de contes, sur des clichés de grain gros comme ça, sur les morceaux de films aux couleurs passées sur lesquels, parfois, dans la foule cachés, je reconnais mes traits et et je suis l'un de ceux qui dansent le torse nu, le jean large, avec mes cheveux longs et cette transe enfin.

Image d'illustrationDerek Redmond and Paul Campbell - Own work, CC BY-SA 3.0