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Les fantômes

Les fantômes

Intéressante idée de Joachim Sené : proposer aux lecteurs l'acquisition d'une page manuscrite On Demand (à la demande) de l'un de ses textes. Totalement en vrac, ce à quoi ça me fait penser :

  • Idée qui tournait dans ma tête (par exemple, dans le cadre du Ontheroute vers l'Australie qui s'annonce, proposer crowdfunding selon même principe : un texte rédigé électronique sur la route, et au retour, faire parvenir aux participants du crowdfunding une page reprise manuscrite ; finalement, pas de crowdfundig pour ce Ontheroute2 mais on voit la démarche) ;
  • Joachim bouscule le processus (habituel-traditionnel mais je pense de moins en moins) manuscrit > outil numérique (traitement de texte ou éditeur) > publication papier : on passe sur outil numérique > publication online > manuscrit ;
  • On remarquera ci-dessus que la partie numérique avant incluse (au sens de l'inclusion minéralogique) est remplacée par autre chose, que je ne sais nommer, en fin de processus (une précipitation, au sens chimique) ?
  • On retrouve l'idée de rematérialisation — la même que celle qui, dans les bibliothèques, nous conduit à créer des fantômes (c'est la terminologie professionnelle) pour rendre visible, dans les rayons, les textes numériques ;
  • Il faut s'imaginer l'auteur recopier son texte numérique sur du papier — je pense au moine copiste ;
  • Écho avec la dédicace manuscrite, posée dans un livre — cette fois on va ailleurs, dans une sorte de commande de matérialité et un geste différent : en passant commande, je ne demande pas seulement de me mettre un mot (assez standardisé) sur le livre que j'ai acheté, mais de réécrire pour moi une page que j'ai choisi ;
  • Et peut-être qu'en réécrivant ma commande, tu feras une modification du texte, une correction : moi, le lecteur-acheteur, j'aurai un exemplaire unique forcément, à cause de la variabilité de l'écriture manuscrite et de l'éventuel ajout/correction SUR le texte ;
  • La logique "personnelle" de la dédicace se déplace : c'est un fragment de ton texte, que je reçois, qui est pour moi, seulement pour moi ;
  • Enfin, la monétarisation — la question des droits d'auteur dont évidemment, personne ne vit. Là peut-être une piste, proche ou presque, des lectures publiques, de l'écrivain comme saltimbanque dont parle souvent François Bon : ce qui est monétarisé n'est plus seulement le "livre" ou la lecture du texte, mais l'un des précipités manuscrits, une... instanciation, du texte numérique.