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Tombeau #6

Tombeau #6

 

C'est étonnant tout de même ce vide, cette marque en creux pareille à celle que l'on laisse dans la terre molle en enlevant son pouce, c'est étonnant et maintenant pour moi la marque en creux c'est toi et je sais bien que rien n'y changera rien, il est trop tard, notre dernière parole échangée date de trop d'années et le mur de la mort est maintenant monté entre toi et le reste des vivants, cela empêche pas mal de choses quoi que l'on dise, quoi que racontât le curé que d'ailleurs, je crois, tu n'as jamais entendu quand moi, si — j'ai été enfant de choeur quand il me semble que tu n'en étais pas, tu avais bien mieux à faire sans doute, je ne te jette pas la pierre, on ne peut pas dire mieux juste là et là maintenant, je cherche des images où tu serais, il n'y en a pas ou presque, c'est bien cette sorte de vide qui reste, celle du doigt dans la glaise, et ce n'est pas ces vagues impressions, que tu étais à passer ton permis de conduire que tu n'as jamais eu, en même temps que moi, que tu étais donc logiquement, dans le même temps dans la même salle obscure que moi avec au mur projetées ces diapositives un peu griffées, qui pourront faire office de souvenirs, ou alors à peine, histoire de ne pas abandonner encore ce qui se passe là, une manière d'hommage, je crois que tu comprends même si en vérité tu ne comprends vraiment plus rien, les morts ne comprennent rien, la mort les occupe largement, c'est un vêtement trop ample.