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Usine

Usine

Il y aura les mois aussi un autre été de l'usine, des réveils si tôt dans la nuit que cette dernière n'était pas encore décidée, de la voiture qu'on conduisait à peine présent, de l'autoradui qui diffusait des sons qu'on n'entendait même pas et qui aurait aussi bien pu cracher du silence, de la petite route dans les bois où il s'agissait de ralentir encore de crainte de ne pas voir à temps quelque animal qui serait levé avant nous et dont la promenade aurait croisé notre trajectoire, de l'étang où un jour sur deux une brume d'une tristesse infinie errait entre les garde-fous du pont qu'on devinait à peine, de la nationale ensuite sur laquelle on débouchait au sortir de rien, de l'ombre carrée massive fumante de l'usine qu'on visait de loin pour retrouver son chemin, des vestiaires à claquements métalliques de portes de rires de baillements de claques sur les dos, des bottes blanches, des pédiluves, de la moiteur et du carrelage blanc à perte de vue, de la chaîne prête à nous ronger, des gestes en boucle jusqu'à ce qu'on très vite ne soit plus rien qu'un rouage à côté d'autres rouages, des rares pauses, de la fatigue grimpant sur les épaules, du tarrissement des tâches de ce jour, et le retour, et puis la douche, et le plafond, les échevelés enfin dans les enceintes et puis plus rien jusqu'au lendemain.