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BaltiqueS — une introduction

Les voyages ne forment pas la jeunesse. Les voyages ne forment rien. Ils ne font que nous jeter dans le vaste monde pour que nous récoltions, souvent à notre corps défendant quand ce dernier n’aspire qu’à tenir les mêmes lieux, de nouvelles pièces du puzzle qui change tout, déforme. Nous apporte d’autres dimensions en complément de celles où nous sommes déjà autant que nous pouvons. Puisque nous vivons en fragments. Nos vies sont d’escarbilles vécues, accumulées, oubliées parfois, souvent, à mesure que les chemins que nous avons pris disparaissent dans le temps. Partir, revenir, c’est aussi recueillir cela, ces éclats d’ailleurs où les soleils ne brillent pas exactement comme ceux que l’on connaît.

Raconter ses voyages est difficile, peut-être parce qu’on ne sait qu’en dire qui ne soit déjà connu de tous depuis longtemps. Et peut-être, aussi, parce que des escarbilles ne font pas nécessairement un tableau clair, ne rendent pas toujours compte de ce qu’on a vu, entendu, senti. Reste que cela peut devenir un choix, de ne raconter que par bribes, à la fois parce que c’est le seul matériau disponible, et parce que l’espace qu’il reste entre ces petits morceaux d’un puzzle jamais terminé est le lieu où chacun pourra poser voire inventer ce qu’il veut. Là, rendre compte d’un voyage ne serait que donner à la personne qui lit ou regarde la trame proposée où déposer son voyage imaginaire. Un voyage immobile. C’est le pari que nous faisons. Avec celui du pas de côté, du décalage immédiat qui permet de faire naître parfois des angles différents là où tout est déjà connu, ou presque. Pas le voyage, pas les lieux, pas les «spots», mais l’ailleurs qui est tout autre, à trois mètres du connu.

 

(texte d'introduction de la plaquette BaltiqueS présentant l'exposition consécutive au voyage On The Route — Baltique.)

Pour info, tous les projets On The Route sont accessibles ici