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Ma maison morte

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Il n'en resterait qu'un simple tas de gravats, guère plus. Des années, des vies, des sourires, des morts, des naissances, des amours, des repas, des maladies, des souffrances ou des rires de tous les êtres passés par là, plus trace. Les poutres vermoulues, les câbles électriques dénudés, les briques, la poussière, le verre brisé cherchant à vous blesser si vous escaladiez ne pouvaient accorder autre chose qu'eux-mêmes, vainement.
 
Rien de particulier. L'univers entier est destruction puis construction sur les décombres ou bien avec. Les moellons, quelqu'un en ferait quelque chose, ne serait-ce qu'un remblai dans un chemin ou autour d'une nouvelle demeure, il fallait rehausser, on prenait ce qu'on retrouvait laissé.
 
Si tel n'était pas le cas, si les gravats restaient là où ils étaient tombés, effondrés, le temps lui-même s'en chargerait, dissolvant tout minutieusement jusqu'à le faire disparaître et s'il se trouve, bien après que le dernier des regards existant ait fondu pareillement.