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Les Surgissants

Pas sa mort, l'enterrement, de cette dernière aucun souvenir à part peut-être un brouhaha, une rumeur enflant depuis la rue, des cris que ne retiennent pas les mères, des hurlements, des pleurs, des jambes se dérobant quand les corps tombent lentement au sol fauchés, des mains sont plaquées sur les bouches pour arrêter une horreur qui ne veut plus s'éteindre, ne le peut plus, ce sont de petits tas d'une douleur sans fin parsemant le trottoir et qui sont sans visages, il y a deux fois au moins et peut-être trois qu'un tel chambardement retourne le monde mais c’est seulement ça qui reste, l'enterrement et même pas le rituel, la même cérémonie toujours aux mêmes moments exactement venus les uns après les autres, une chaîne, un maillon appelle l'autre, même pas ça mais deux moments avant encore du temps où le mort, la morte en l'occurrence, est encore là, dans ses murs endormie et donc quasi-vivante, pas encore partie, pas effacée, pas réduite à tenir le siège du temps depuis une photographie posée sur le buffet mais présente encore dans ce qui reste de son corps qu'emmaillotent six planches vernies (...)