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La dispense #4

Avant il y avait eu le premier saut et c'était bien avant, vraiment avant, quand j'étais à peine haut comme ça, avant le temps long du lycée, avant le temps flou du collège, avant, du temps de l'institutrice rousse morte un lundi de pâques dans la voiture conduite par son frère et qui s'est enroulée dans un platane à grande vitesse, le choc terrible, définitif, laissant la dame morte d'un coup, le frère indemne totalement, enfin, vu du dehors, du moins, je crois que c'était là, dans ce temps-là — tout est devenu flou dans mes heures d'aujourd'hui, et donc, la piscine était loin, nous y allions avec un autobus, depuis l'école ou peut-être le collège, cela je ne sais plus, mais je sais parfaitement, la route qui y allait, et les virages serrés, cette descente soudaine comme une route de montagne avec ses lacets qui déjà me terrorisaient avant d'arriver à la bulle abritant la piscine, une bulle vraiment, plastique blanc, cela coûtait vraiment moins cher que de construire le tout en dur et donc toute une partie, celle des bassins, c'était dessous ce ciel blanc très lisse où l'on accédait passé deux grandes portes successives, des sas maintenant la pression, après le passage dans les vestiaires à haleine de chlore et de recoins humides, le pédiluve, les cris soudain passée la dernière porte, ici aussi comme plus tard dans la piscine du lycée, il y avait ces échos monstrueux renvoyés par les surfaces planes, les vitres, l'eau transparente, le carrelage trempé, le plastique tendu, et cette fois je sais parce qu'on nous l'avait annoncé, comme c'était la première fois, que ce serait le tout premier plongeon, et pour tout le monde, ceux qui savaient nager, et tous les autres, et de ces autres j'étais, et nous étions nombreux, dans ce coin loin des côtes, dans ce coin de paysans, à ne savoir que vaguement patauger — de l'eau on se méfiait, toujours terriblement.