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Pierres

On arrivait au bout de la langue, tout au bout de la langue, on sentait que venait le moment où l'on ne pourrait plus en tirer plus, où l'on ne pourrait plus en dire plus, où elle ne se laisserait plus tordre, où plus rien ne pourrait être dit, où plus rien ne pourrait être écrit. On attendait. On regardait s'épuiser les possibles, les siens, les nôtres, on regardait ce que l'on avait fait d'elle en sachant qu'on ne ferait pas plus, on attendait le jour où l'on ne pourrait plus écrire qu'avec des pierres et puis du bois des mots que personne ne comprendrait, et nous pas plus.