J'ai vu traversant tous les bois les saignées larges qu'on y faisait, qui étaient cicatrices blanches, que la forêt refermait derrière nous en quelques mois, que nous finissions par ne plus retrouver ou seulement parce que les arbres étaient plus bas, plus serrés, presque plus à notre portée (cela ne durerait pas et rapidement nous ne serions plus que parasites dessous nous faufilant avec nos pauvres outils, la scie, la masse, les coins dont le métal nous laissait chaque fois échardes dessous la peau et pourtant moins coupantes que les autres, les vivantes, les fines et noires que chaque tronc couché nous crachait furtivement aux mains comme nous étions dessus à le démembrer lentement, que nous ne découvrions que plus tard, rentrés chez nous, et qu'il fallait aller chercher ensuite à l'aiguille que l'on prenait soin de chauffer presque à blanc avant de se fouailler soi-même)