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Le nom du vent

Rien n’aurait bougé depuis des siècles hormis peut-être quelques récifs, à voir si cela pouvait se vérifier, et la peau de l’océan qu’on croyait lacérée jusqu’à ce que, les yeux s’habituant, l’on remarque qu’il s’agissait seulement des reflets des nuages (alors et eux, qui les griffait ?) ;

Rien n’aurait bougé et nous non plus assis-là depuis tellement de temps que ça faisait de lourds paquets sur lesquels nous nous couchions pour dormir quand la fatigue devenait plus haute que nous ;

Rien n’aurait bougé : on aurait voulu d’ailleurs remuer un peu que la crainte de rater quelque chose aurait été largement suffisante pour nous faire demeurer là, presque immobiles, tellement fondus dans le paysage que peut-être, quelque marin sur quelque navire passant au large nous aurait pris pour des rochers ;

Ce qu’on guettait, personne ne le savait, personne n’y pensait, cela n’importait pas plus que le nom du vent ;

Et donc rien ne bougeait et même pas nous, même pas lorsque nous nous demandions parfois si ce que nous regardions, ce n’était pas nous, seulement nous, à même ce miroir décalqués.

Mise en ligne originelle sur Tiers Livre

limparfait (non vérifié) mer 24/08/2011 - 19:47

J'aurais lu, j'aurais aimé, j'aurais voulu être là, j'y étais. Merci.