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Connexion

Dans les cas les plus graves, il arrivait qu’il devienne nécessaire de procéder à une opération en théorie simple et radicale consistant à isoler l’individu concerné le temps de le soumettre aux sevrages permettant de le ramener à un comportement ne mettant plus en danger ni sa vie, ni la société toute entière. La procédure était toujours la même  : un agent assermenté se chargeait de couper purement et simplement au niveau hyperlocal tous les accès au Réseau, qu’ils soient filaires ou par ondes. A cet instant, les infirmiers présents sur les lieux profitaient des quelques secondes d’égarements du sujet suivant toujours ce brusque effondrement de tout ce qui constituait son monde pour se saisir de lui et neutraliser aussi rapidement que possible tout appareil pouvant d’une manière ou d’une autre constituer une façon de se raccorder à nouveau au Réseau - en l’espèce, la banalisation des dispositifs sous-cutanés ou intra-cérébraux ne simplifiait la tâche de personne, d’autant que le temps durant lequel on pouvait priver de leur connexion les autres personnes présentes sur la zone d’intervention était très court. La suite, on ne savait pas bien ce qu’elle était  : le malade était transporté dans les cliniques spécialisées (à présent ouvertes dans toutes les capitales régionales) où sa prise en charge, si l’on en croyait les discours officiels, était immédiate et donnait toujours les résultats attendus. Pour ce qui concernait la connexion laissée libre par le débranchement, elle trouvait évidemment preneur dans les secondes qui suivaient sa libération, ce dont tout le monde se félicitait.