Pare-feux

Il s'avéra rapidement que la seule solution pour échapper aux robots qui balayaient toute la journée les esprits à la recherche d'informations, de connaissances, de rêves qui pourraient être ensuite revendus - les plus critiques prétendaient, contrôlés - était d'élever autour de nos pensées les plus secrètes des pare-feux mentaux dont les mieux étudiés donnaient l'apparence de la plus parfaite normalité, et à l'abri desquels l'on pouvait faire ce que l'on voulait.

En l'espèce, l'on s'échangeait sous le manteau, dans les parties les plus secrètes des réseaux, les pseudos des maîtres qui étaient prêts à apprendre aux autres comment monter de toute pièce ces protections imaginaires qu'il convenait de ne plus jamais retirer une fois qu'elles avaient été mises en place sous peine de signaler, par le simple fait d'avoir voulu à un moment échapper à ce qui était devenu parfaitement banal pour tous, que l'on avait quelque chose de particulier en soi.

Bien évidemment, personne ne savait qui étaient ces hommes, ces femmes dont on ne croisait que les avatars (et encore) le temps qu'ils vous initient aux méthodes à présent éprouvées permettant à certains d'entre eux, à ce que qu'il se disait, de vivre au coeur même de l'appareil d'Etat.