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Cheval fou (2)

... que nous nous décidâmes finalement à déterrer parce que cela nous semblait à présent la seule solution pour vivre encore un peu, tenir jusqu'à ce que la dernière des batailles arrive enfin (ceux qui revenaient nous assurant que cette fois, c'était la bonne et que faute de combattants, les belligérants allaient rapidement être contraints de déposer les armes et de signer quelque traité ramenant la paix entre les peuples), et parce que nous n'en pouvions plus des regards suppliants des enfants ivres de faim qui, sans que nous comprenions comment, avaient eu vent de ce que nous avions dissimulé cet animal dans quelque parc de la ville au moment où il était apparu évident à tout le monde que cette fois, la guerre allait nous engloutir - nous discutâmes longtemps de savoir si c'était une bonne idée ou pas, que d'exhumer à nouveau l'animal, puis, ceci décidé, nous nous disputâmes pour savoir quel serait le moment opportun jusqu'à ce qu'un accord émerge entre nous tous et qu'à la faveur d'une accalmie dans les combats, nous puissions sortir de nos caves pour aller extraire l'animal, la promesse de viande grillée qu'il représentait, de sa cachette (évidemment, nous savions tous qu'il était fait de bronze, mais croire qu'il aurait été possible de s'en délecter, imaginer le festin, cela suffisait à calmer nos estomacs quelques heures, et c'est tout ce que nous voulions à présent, mourir affamés, mais le ventre rempli).