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Limites premières

... dont il s'avéra que ce n'était que ce que nous avions réussi à construire - une sorte de chose qui nous échappait peu à peu, semblait vivre vie propre, s'étendait à présent bien au-delà de ce que nous avions imaginé être ses limites premières, sa douce frontière, et qui allait ainsi son bonhomme de chemin (drôle d'expression maintenant puisqu'elle rongeait justement les chemins, les absorbant peu à peu, les élargissant, les recouvrant d'un gras goudron, les rendant bientôt tellement immenses que nous finissions par y passer sans vraiment savoir où nous allions, ce que nous allions faire ici ou là, dans ce quartier ou dans cet autre, nos vies étant devenues, au ventre de la ville, comme des sortes d'errances sans sens aucun, et que nous ne parvenions même plus à partager les uns avec les autres) en nous oubliant derrière, nous, nos mains qui avaient pourtant été à sa naissance, nos rêves qui en avaient été autant...