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Océan terre

Longeant la plage l'océan ce matin était d'un gris terreux au loin deux grues énormes de l'autre côté de l'estuaire telles des animaux mythiques des sortes d'êtres sortis de nulle part elles bougeaient lentement sous le vent frais de temps à autre des rouleaux blancs se cassaient sur le sable et là tout un groupe d'enfants faisait une tache colorée et bruyante j'entendais malgré l'épaisse vitre le bruit du moteur leurs cris leurs rires le moniteur de voile sans doute était plus grand bien plus qu'eux tous c'était presque un géant plus rien vraiment dans le paysage se semblait vrai réel la route était pleine de nids de poule ça secouait de toutes parts je ne pensais à rien enfin manière de parler peut-être que j'étais en passe de perdre la tête. Débouchant sur la corniche haute le vent crachait de toutes parts j'ai pris soudain conscience du nombre de figuiers qu'il y avait dans la région et puis aussi des chèvre-feuilles partout criant leurs parfums fous chaque fois j'en tressaillais au plus profond de moi et cela faisait naître des images du passé tirées d'une gangue de temps les protégeant en fait de sorte que tout semblait exactement comme jadis dedans ma tête dedans mon âme et cela me blessait d'autant plus cependant que les haies crevaient de roses aussi et moi d'ennui d'envie de fuir de faire mon sac de fuir d'aller jusqu'à la gare et de prendre sans réfléchir le premier train le premier train en partance pour n'importe où pourvu que ce soit loin de moi.