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Campus

Quittant ce travail dont je finissais par ne plus comprendre l'utilité sinon celle de me nourrir la nuit commençait à placer ses pions j'ai longé la chênaie dans laquelle crissaient des herbes des branches mortes personne pourtant à l'horizon un bruit imaginé peut-être à moins qu'il ne s'agisse d'une petite bête cachée dans l'herbe et vivant sa vie bête sa vie de bête sans doute pas plus bête que la mienne il devait faire bon là-dedans à ras de l'herbe à ras des senteurs qui me parvenaient un peu étouffées déjà comment dire tièdes avec par moments par endroits des bulles où l'odeur devenait plus forte plus puissante enivrante j'en avais des frissons je me suis arrêté une minute ou deux quand j'ai senti le chèvrefeuille et ce parfum me remuant jusqu'aux tréfonds de l'âme qu'était-ce donc que je sentais bouger dedans dedans mon coeur fatigué ? Coupant à travers la pelouse sentant sous mes pieds quel terme employer cosses les cosses les enveloppes sèches des glands tombés sur le sol s'écraser sous mes pieds entendant leurs craquements très secs très brefs ça traversait l'air immobile avec un bruit définitif j'ai pensé que ce devait être le son que produisait un crâne éclatant durant son incinération pourquoi pensais-je soudain à cela à l'Inde en fait je n'y avais jamais mis les pieds n'avais jamais assisté à cela une incinération en plein air comme cela se faisait là-bas du moins si j'en croyais certains reportages télévisuels je n'ai pas ralenti pourtant pas changé de trajectoire continué à passer là-dessus dans ce champ de mines fantasmagorique et les écorces les crânes continuaient à exploser sous mes pieds devenus ceux d'une sorte de créature fantastique meurtrière massacrant des milliers d'innocents n'importe quoi.