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Tombeau #5

Je ne retrouve quasi aucune trace de toi après la Communale en fouillant le grand brouet qu'est ma mémoire trop liquide et dans laquelle je cherche armé d'une ridicule fourchette de mots de quoi revenir vers le passé, m'en souvenir. Tu es pourtant forcément là, au collège minuscule : les choses sont faites ainsi que nos vies sont tuyaux dans lesquelles on nous engouffre et là, le tuyau de l'école, on ne s'en sort pas comme cela avant d'avoir seize ans, on ne prend pas facilement la fuite malgré les allées buissonnières toutes proches dont on devinait le débouché derrière les bâtiments avec leur peau grise pelant pareille à celle imaginée de vieux éléphants qui nous auraient avalés chaque matin, recrachés le soir à peine changés, lestés seulement de mots, de ceux dont on se servirait plus tard et maintenant encore, ce sont toujours les mêmes, ils ne s'usent pas, font bon emploi, me servent à donc parler de toi que je ne distingue pas dans le paysage de ce passé maintenant délavé, troué, bouffé aux mites dans les coins. Tu es forcément là, mais je ne te reconnais pas dans la masse indistincte que font les silhouettes à l'arrière-plan de mon petit monde et c'est cela que tu es donc, un arrière-plan dans ce qu'est à ce moment ma vie comme je suis sans doute un morceau de l'arrière-plan de la tienne. Je ne peux plus te poser la question, tu ne pourras pas me répondre mais je me demande quand même, si les places étaient inversées, si tu saurais me dire où je suis dans le décor qui est le tien alors.