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La Grenade - Bill

Les survivants autour se tassaient contre les pierres sèches conservant le goût de la vie. Même si c'était bien peu, ces épaisseurs de roches venues de millénaires dont il ne restait rien, à part leur permanence, les protégeaient assez pour qu'ils puissent s'asseoir. Ils s'appuyaient le dos à la masse tiède, ils essuyaient leurs fronts, leurs visages parfois couverts d'un sang qui n'était plus le leur. Certains tremblaient encore. Certains ne cesseraient plus de trembler, même rentrés chez eux, de l'autre côté des océans, dans les petites villes calmes. Là-bas revenus, sortant rarement de leurs maisons en bois, plus personne ne les reconnaîtrait vraiment avec leurs traits ravinés en l'espace de quelques mois, cette dureté qu'ils garderaient dans leurs regards. Et rien n'y changerait, pas plus les journées de vétérans que leurs uniformes couverts de médailles qu'ils revêtaient pour l'occasion, s'y tenant toujours moins droit à mesure que le temps les éloignait de cette boucherie, mais pas encore suffisamment pour qu'ils puissent s'en défaire.

Source de l'illustration