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La persistance #10

Ils nageaient en eaux troubles. Les nénuphars les retenaient, et d'autres choses aussi, remontées des tréfonds, dont ils ne savaient pas ce qu'elles étaient. Ni ce qu'elles leur voulaient, à caresser ainsi leurs mollets secs, leurs chevilles effrayées, avec des mains mollement invisibles. Ils hurlaient constamment. De peur et de plaisir. D'être là tout simplement, comme s'ils avaient été ailleurs, très loin, nulle part. Dans une contrée inconnue. Inexplorée. Une terre vierge, incognita, où tout était possible autant qu'étaient possibles tous les futurs, pour eux, à ce moment, avec leur petite dizaine passée seulement. À peine. Mais qu'ils ignoraient presque déjà, visant la suite, ce qu'ils imaginaient. La quinzaine bientôt, la mobylette, les filles, l'aventure presque. La liberté. Toutes les portes ouvertes quand encore ils devaient, maintenant, dire quand même, le matin, où ils allaient. Ce qu'ils comptaient faire de la journée vaste comme l'éternité. Ainsi que celle d'avant, celle d'après. Toutes ces semaines d'août, ce mois qui semblait n'avoir aucune fin. S'enliser en lui-même.