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Une histoire de crêpe

C'est jeté là plié en quatre telle une serpillière sur l'assiette ronde avec très longs sur le côté couverts emmaillotés dans une serviette blanche couleur de linceul plein, c'est sec et triste comme tout, la pluie dehors fait son retour, la crêpe est sucre c'est la carte qui le dit comme le serveur aussi, il faut s'y prendre à plusieurs fois pour la couper pour l'avaler, des visages passent derrière l'allée qui oublient tous de vivre, je mâche la molle chose, elle a le goût de rien, je l'imagine tirée il y a quelques secondes de son paquet haut comme ça et passé vite au micro-ondes, j'imagine l'usine d'où elle sort d'où elles sortent par milliers, des camions pleins j'entends en partir le matin après leur charge au cul des quais ciment et jaunes et noirs, je vois les quelques ouvriers dedans à charlottes claires qui manient les tableaux, font tourner toute la chaîne, ne mangent jamais ce qui sort parce qu'ils savent ce qu'il y a dedans qui n'a rien de saveurs, j'ai terminé déjà, le prix est sans mesure avec ce produit laid, une tristesse me vient, elle est posée en moi mais n'a pas les mots justes, je vais devoir aller creuser, poser des phrases sur cet informe, je sais de quoi il retourne, tout ça pour une crêpe, dedans ça ne cesse jamais, de heurter tous les bords.