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Érosion #2

Il résulte de ça des galeries, des souterrains dedans nos têtes dont nous sommes bien seuls à avoir les clefs, les codes, le nécessaire pour en ouvrir les portes closes et même, tout simplement, pour nous y orienter, en trouver même l'entrée, ce sont des dérobées dessous de larges tentures ou de ces passages-là dissimulés derrière des meubles pivotants, de vraies cachettes qui ne sont que dans les romans — on exagère, c'est tout un cinéma, c'est bien souvent on sait juste un repli dans une image, une mince fissure, un décalage, quelque chose que même soi on ne remarque pas et qui nous happe d'une seule bouchée quand c'est le bon moment ou juste le hasard et nous emmène tant loin qu'il arrive souvent qu'un convive nous secoue, nous pousse du coude, ce n'est que comme cela que l'on revient vers le moment présent, personne ne comprend cet air légèrement égaré qu'on porte maintenant sur le visage, c'est qu'on rentre de loin, d'un tas immense d'années dans lequel on a farfouillé à pleines mains pendant qu'autour ça mangeait joyeusement, d'une masse qui est le temps et dans laquelle c'était les mêmes gens qu'on regardait mais eux d'avant, les mêmes avant, mangeant de même, riant de même, exactement les mêmes mais différents et en nombre différent, les morts ne l'étaient pas, certains vivants même pas encore, des galeries et comme des mines.