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Érosion

Ça a été des mains très douces et de ce prime abord on ne remarque donc rien : la tâche est lente évidemment mais continue et sans appel et sans nulle cesse avec même des revers comme si c'était possible, comme si parfois les choses pouvaient revenir à leur arrière et les ruisseaux couler un jour de vers leur source à nouveau. Pour constater il faut entre deux points marquer les choses et puis le pas et comparer autant que c'est possible, il faut noter photographier ou quelque croquis crayonner ou encore simplement apprendre à regarder, puis à l'issue de ça poser des visages dans les fonds des magasins qu'on porte en soi et qui seront des sortes de masques d'une cire qu'on entrepose et vers lesquels on reviendra quand le moment sera, de voir où l'on en est, ce qui s'est maintenant passé, ce qui des rocs que semblent nos faces a été arraché par le lent vent du temps, cette traîtrise. Le temps lui-même nous aide, dans le chemin duquel sont posées nos bornes rondes qui dans le temps bouclent le temps et nous permettent de repasser à intervalles précis dans le même lieu, les mêmes circonstances, qui font que nous sommes à nouveau autour de la même table, dedans la même église, au bord du même ruisseau qui lui coule pour sa part en se fichant de nous, de nos traits peu à peu tous érodés.