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Givre #2

Il arrivait plus bas que ça déborde les pluies plus haut venant étouffer les fossés les deux ruisseaux se croisant au milieu n'y pouvant mais avalaient tout ce qu'ils pouvaient et puis gonflés au trop dégueulaient finalement sur la plaine les prés à l'herbe grise ses brins couchés vautrés se voyant recouverts très vite d'une eau sale stagnante qui sourdait des tréfonds aussi remontant du dessous en quelques heures cela devenait tel un miroir immense sur lequel se hâtaient des nuages noirs qui n'étaient que reflets du ciel là-bas le lendemain après une nuit passée dessus avec ses moins dix ses moins quinze rabotant tout on obtenait patinoire folle où l'on courait tombait hurlait le soir nos corps seraient meurtris de tous côtés bleues nos peaux blanches depuis la route dans les voitures ralentissant pour nous saluer on les voyait même sourire étaient nos pères et d'autres gens vu du plus loin nous n'étions qu'une masse indistincte de gamins à cagoules rouges à rayures noires se battant gentiment se coursant sur des vélos rouillés se disputant une balle de foot masse indistincte que nous restons toujours figée maintenant dans le gel du temps à l'horizon passaient des vols d'oiseaux sans cris.