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Tumulus #14

Tout s'arrête le soir et les fins de semaines d'un seul coup, d'un cri, de cette sirène encore qui dessine dans l'espace les frontières du temps et fait se vider tout l'endroit en quelques minutes à peine, les hommes ne traînent pas quand arrive le dernier moment et c'est encore plus vrai au vendredi qui est toute une promesse avec ses deux jours pleins emplis de rien, on se reposera, on laissera les corps rouler dans la paresse ou bien peut-être on travaillera sur un chantier mais ce sera pour soi et ce sera le sien ce qui change tout, on y pense au retour dans les voitures emplies tassées de toutes ces lassitudes, on pense à ce qu'il faudra faire, emporter, prévoir durant ces quarante-huit heures qui viennent, on ne pense jamais au lundi, il est encore loin, on ne pense pas non plus à ce qu'on laisse derrière, à ces tranchées abandonnées sous la pluie et autour desquelles errent toujours un chien ou deux, des rôdeurs dont on voit les silhouettes à peine passant par-dessus les clôtures quand elles existent, se glissant dans le vide laissé par les engins regroupés par endroits et dont les clefs de contact sont parties dans la camionnette du chef de chantier, ça n'arrête pas un voleur décidé mais évite au moins les plaisantins, les défis de garçons, les accidents que ça pourrait donner, ces bêtes-là d'acier se retournant ne laissent pas de chances à celui qui pilote alors autant ne rien faire traîner, des brouettes se balançent suspendues en hauteur et sont des fruits gris-vert mouchetés, cela grince parfois même si le vent est tombé, les averses ne cessent pas qui remplissent chaque trou d'une eau d'un beige louche, les gars pataugeront là-dedans sitôt la première heure lundi, pour là plus rien ne bouge que tous les ronds dans l'eau.