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Tombeau


(nb : les lignes qui suivent sont une esquisse datant de 2014)

Je n'arrive à entrer dans ce souvenir que par la route droite posée sur cette sorte de colline d'où l'on voit loin parce que c'est l'un des hauts points du coin qui n'en compte guère, je n'entre dans le passé que par la route et les virages qu'elle fait ensuite avant de se cogner dans le hameau qui est une jetée de maisons grises basses égrenées tout du long d'un bitume à gravier dont l'été fait une soupe de grumeaux pétillante sous les roues. Au beau milieu du S, juste au moment où concentré on tient fort le volant pour ne pas au côté se jeter dans les ronces incroyables que j'invente peut-être ou dont je suis seul à avoir encore souvenir, une petite rue débouche pile dans l'arrondi, tout le monde est surpris et même ceux d'ici qui chaque fois oublient que là est une impasse. Cela ne dure pas, c'est une poignée de vies et autant de maisons, et beaucoup délabrées, les vies comme les maisons. Tu habitais ici.

Je ne sais pas par où commencer tant cela remonte maintenant, suffisamment au moins pour avoir laissé au temps avec ses grandes dents fauves noires de quoi machouiller le peu qui restait de l'époque et de nous, et de moi, et de tout, et ce que j'essaie de tirer de sa bouche morte, ça ne ressemble à plus grand chose, ce n'est vraiment plus rien, quelques impressions juste que j'ai au fond des yeux flottant exactement pareilles à ces voiles gris légers qu'on distingue sur l'eau tôt le matin près des étangs et des marais, et des chemins.