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Cette ville comme piège

... à se demander ce qui s'était renversé en nous, là-bas, pour que nous n'en revenions jamais (on imaginait sans peine les millions d'âmes piégées par l'immense nasse qu'était la ville, et qui donc avalait soigneusement ceux qui passaient dans ses rues et s'envolaient à nouveau, sains de corps, mais sans s'apercevoir tout de suite qu'ils n'étaient pas repartis, en fait, et qu'une part d'eux, celle essentielle, restaient là-bas, derrière, errant entre les murailles de béton et de bruit, marchant sans fin le long des larges rues, tournant dans les impasses, les souterrains, sans piper mot, sans se faire remarquer sinon par l'espèce de présence permanente que ressentaient ceux qui derrière venaient et se jetaient de même dans les filets ouverts, et large).