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Autobus (2)

... nous amenant (l'autobus, un antique engin tout droit tiré d'un de ces films du milieu du siècle, l'autre, celui d'avant, et que nous avions presque raté, nous attendant à voir arriver le mini-bus habituel, espèce de coléoptère géant assurant la liaison avec la gare jetée en plein champ et n'ayant pensé qu'à la dernière minute que cette chose puante et brinquebalante, qui s'était garée sans que nous y prêtions garde, pouvait être ce que nous attendions, ce qu'avait confirmé le chauffer, souriant, s'excusant, nous expliquant que oui, il s'agissait bien là de la navette mais qu'il avait été contraint de prendre, de conduire, cette machine-là, l'autre, celle destinée au trajet, étant tombée en panne, comme cela, d'un coup, celle-là, la vieille, n'ayant de plus pas de climatisation, ce dont on se serait douté rien qu'à la voir, ce défaut, cette absence, devant se révéler d'ailleurs, plus tard, durant le trajet, d'une importance bien plus grande qu'il n'y paru d'abord) à travers des faubourgs, les bords de la ville, cet endroit où elle perdait sa force, son poids, se laissant grignoter par les espaces du dehors (les haies d'abord et puis les arbres et les fossés et les chemins), semblant abandonner la lutte (à chaque fois c'était grande et même surprise de voir que finalement ce n'était pas si loin que ça le dehors de là où nous vivions, pas tellement loin du centre - nous aurions presque osé y aller de nos pieds si nous avions pensé qu'il y avait quelque chose à voir, quelque chose à faire)...